Comment préférez-vous votre PISA ?
Le programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) a récemment publié ses dernières conclusions. Connu sous le nom de “rapport PISA”, il recueille les résultats des tests de quelques 700 000 jeunes de 15 ans dans 81 pays en mathématiques, en lecture et en sciences. Cette édition a également pris en compte de nouveaux éléments d’évaluation tels que le bien-être, le harcèlement, les habitudes numériques, etc. Dans l’ensemble, les résultats ont été décevants, avec une baisse sans précédent de 10 points en lecture et de 15 points en mathématiques, ce qui équivaut à environ trois quarts d’une année d’études. La chute des résultats peut être attribuée dans une certaine mesure à la pandémie, mais d’autres facteurs peuvent aussi entrer en ligne de compte.
La baisse constatée dans ces trois domaines est commune à la plupart des pays. Hong Kong est resté dans le top 5 en ce qui concerne les mathématiques, malgré une baisse de 11 points. Le Royaume-Uni a enregistré une baisse de 13 points, tout en se maintenant dans le top 15, alors que la France a connu une baisse de 21 points et reste autour de la moyenne PISA.
Inévitablement, ces résultats ont été l’objet de réactions spontanées et des interprétations différentes dans chacun des pays. Au Royaume-Uni, en fonction de la famille politique à laquelle on appartient, les résultats ont été perçus comme une justification des diverses politiques éducatives, tandis que d’autres y ont vu un échec retentissant. En France, Gabriel Attal, ministre de l’éducation et de la jeunesse, a immédiatement réagi en annonçant un certain nombre de réformes concernant les mathématiques au primaire et au secondaire. De nombreux pays s’inspirent du “modèle de Singapour” pour améliorer leurs résultats dans ce domaine. En effet, Singapour arrive régulièrement en tête des classements dans ces trois domaines d’analyse.
Toutefois, si l’on creuse un peu plus loin, les résultats sont beaucoup plus nuancés. Il n’y a pas de différence marquée dans les tendances de performance entre les systèmes éducatifs ayant souffert de fermetures d’écoles limitées et les systèmes ayant connu des fermetures plus durables. En effet, l’élément déterminant de la réussite en mathématiques dépend de la relation entre les élèves et leurs enseignants. On constate que les résultats en mathématiques étaient supérieurs de 15 points lorsque les élèves déclaraient être davantage soutenus par leurs enseignants.
L’utilisation des nouvelles technologies a brouillé les analyses. Quarante-cinq pour cent des élèves ont déclaré être anxieux ou nerveux sans leur téléphone. Soixante-cinq pour cent ont déclaré être distraits par leur téléphone, ce qui équivaut à une différence de 15 points. Il semblerait pourtant qu’il existe un juste équilibre dans l’utilisation des téléphones et des écrans. Les élèves qui ont recours à la technologie à l’école obtiennent de meilleurs résultats que ceux qui n’y ont pas accès, mais au-delà d’une heure d’utilisation par jour, les résultats en mathématiques chutent considérablement. L’interdiction fonctionne-t-elle ? Là encore, le bilan est mitigé. Il semble que l’interdiction soit, d’une part, très difficile à faire respecter et, d’autre part, qu’elle entraîne une surutilisation en dehors des heures de classe pour compenser.
La notion de bien-être a elle aussi été sondée et, dans l’ensemble, 8 % des élèves ont déclaré être régulièrement victimes de brimades tandis que 16 % ont déclaré souffrir de solitude. Dans les pays asiatiques les plus performants, 70 % des élèves ont déclaré avoir peur de l’échec et de ce que leur entourage pourrait penser d’eux. Certains traits de caractère dits “forts” comme la curiosité et la persévérance permettraient aux élèves d’obtenir environ 11 points de plus en mathématiques. S’il est vrai que les résultats de ces enquêtes sont toujours controversés, nous ne devrions pas pour autant les ignorer.