L’éducation pour leur avenir, et non pour notre passé
Bien que certainement apocryphe, c’est une histoire que j’aime beaucoup. En 1919, juste après avoir reçu son prix Nobel, le physicien de renommée mondiale Max Planck faisait une tournée de conférences en Allemagne sur le thème de la mécanique quantique. Son chauffeur avait entendu sa conférence à de nombreuses reprises et plaisantait avec Planck en lui disant qu’il pourrait la réciter au mot près. Et c’est ainsi que leur est venue cette idée : le chauffeur allait donner la conférence à la place de Planck, qui lui resterait assis dans l’auditoire, habillé comme le chauffeur. Le chauffeur mène la conférence à la perfection, sous un tonnerre d’applaudissements. Une fois le calme retrouvé dans l’auditoire, l’un des professeurs de physique présents pose alors une question extrêmement difficile, à laquelle le chauffeur répond sans hésitation : “Je suis surpris que dans une université aussi érudite, on nous pose une question aussi élémentaire. C’est tellement simple que même mon chauffeur pourrait y répondre !”
Enseigner, c’est permettre aux élève d’être aussi vifs d’esprit et capables de s’amuser, de prendre des risques et de s’adapter que le chauffeur, tout en développent des connaissances approfondies que Max Planck. Mais attention, il existe une véritable différence entre le fait de connaître le nom d’une notion et maîtriser la notion elle-même. En surface, il est possible d’apprendre un texte par cœur, sans pour autant en saisir la profondeur. Sir John Jones a d’ailleurs déclaré que pendant des années, nos systèmes éducatifs été “aussi profond qu’un centimètre et pourtant large de plus d’un kilomètre”. Si cela s’avérait être utile pour gagner des “Trivial Pursuits”, cela ne permettait en rien de répondre aux exigences du milieu du 21e siècle.
Dans son livre “Why do I need a teacher when I’ve got Google” (pourquoi aurais-je besoin d’un professeur si j’ai Google ?), Ian Gilbert encourage les enseignants et le système éducatif au sens large à offrir plus que l’internet ou même Google. Nous devons mettre en place un système d’éducation dans lequel les enseignants relèvent et dépassent constamment ce défi. Ce que la récente pandémie nous a appris, c’est que les élèves ont besoin d’enseignants qui les encouragent, les facilitent, les instruisent, les soutiennent et s’occupent d’eux. Les relations sont essentielles. La qualité d’une école n’est nulle part supérieure à la qualité de ses enseignants. C’est pourquoi le développement et le soutien de tous les membres du personnel de l’école est l’un des principaux moyens dont nous disposons pour faire de notre établissement une école de premier plan. Cela permet aux enseignants d’exercer leur métier de manière innovante, permettant ainsi à nos élèves de réussir, et eux aussi par la même occasion.
Le concept de réussite est différent pour chacun des élèves. Pour certains, cela signifie aller à Oxbridge/Ivy League et au-delà. Pour d’autres, il s’agira de se forger une voie dans un domaine professionnel. Aucun des deux n’est intrinsèquement meilleur. Pour moi, le plus grand plaisir de l’éducation résider dans l’aide que l’on peut apporter aux élèves en difficulter à aller au-delà de ce qu’ils ont toujours cru impossible. Cela signifie avant tout que nous devrions nous concentrer à former des citoyens du monde heureux et compétants. L’école doit être chaleureuse, sûre et inclusive. Tous les élèves ont des forces à exploiter et des faiblesses à développer, tout comme les adultes !
Si nous ne pouvons pas tous nous vanter de posséder les connaissances approfondies de Max Planck ou la vivacité d’esprit du chauffeur, nous pouvons tous espérer réaliser notre potentiel et nous efforcer d’être de meilleures versions de nous-mêmes pour le bien commun.