Le mythe de la polyvalence

Numéro 17: 3/02/2023

La semaine dernière, j’ai reçu un e-mail d’un parent me disant qu’il lisait mes articles (je suis certain qu’au moins une personne les lit !) et me demandant si je pouvais écrire quelques mots sur quelles étaient les meilleures façons d’apprendre. J’ai donc décidé d’écrire mes prochains articles sur certains neuromythes qui persistent encore aujourd’hui.

Nous sommes tous convaincus d’être polyvalents et de pouvoir passer des appels, vérifier nos emails, alimenter nos réseaux sociaux, écouter de la musique et faire notre travail. Faire preuve de polyvalence, c’est être capable de réaliser deux tâches intellectuellement complexes. Alors, quelles en sont les preuves ?

Je suis sûr que cela nous est déjà arrivé à tous. Imaginez que vous conduisiez, que vous soyez perdu ou que vous cherchiez le nom d’une rue ou une direction particulière, et que la musique résonne dans votre voiture. Près de 100% des individus baisseraient le volume de la musique pour se concentrer sur la route qu’ils cherchent. Le cerveau n’est pas en mesure de supporter trop de stimuli sensoriels. Vous baissez donc le volume pour pouvoir vous concentrer.

La neuroscience démontre qu’aucun d’entre nous ne peux effectuer deux tâches intellectuellement complexes de façon simultanée. Ces tâches qui semblent être effectuées en parallèle sont en réalité séquentielles. Essayez de lire un roman et d’écouter un podcast en même temps. Il est possible d’alterner entre les deux, mais pas de se concentrer sur les deux en même temps. Lorsque notre cerveau passe d’une tâche à une autre, nous subissons une perte cognitive. Nous nous disons souvent : « Où en étais-je ? ». Des recherches ont démontré que le fait de conduire en parlant ou en envoyant des SMS sur un téléphone portable a le même impact que de conduire en état d’ébriété. Cela altère les performances de conduite dans la même mesure, en termes de temps de réaction, de perception de l’état de la route, et c’est d’ailleurs la première cause d’accidents de voiture, après l’alcool. Les personnes qui prétendent être capables de mener plusieurs tâches de front sont en général plus aptes à minimiser la perte cognitive associée à chaque changement de tâche.

Vous êtes en train de travailler sur un projet et votre portable émet un simple bip, ou vous recevez une notification. Le vérifiez-vous immédiatement ? Nous le faisons presque tous et, fait intéressant, nous répondons également presque tous au message. Notre cerveau a besoin d’une gratification instantanée et nous sommes récompensés par le stimulus initial. Ensuite, bien évidemment, nous commençons à discuter et nous subissons une perte cognitive massive. Des recherches récentes prouvent que la plupart d’entre nous, et pas seulement nos enfants, ont pour habitude d’alterner d’un média à l’autre. Beaucoup d’entre nous regarderaient la télévision, utiliseraient leur ordinateur ou leur téléphone et passeraient d’un écran à l’autre en moyenne 120 fois par période de 30 minutes. Les personnes qui utilisent beaucoup les nouvelles technologies trouvent difficile, voire impossible, d’ignorer ces distractions. En d’autres termes, les grands adeptes des différents médias ont généralement du mal à contrôler leurs impulsions et obtiennent de moins bons résultats aux tests d’intelligence fluide. Les conséquences pour chacun d’entre nous, y compris les élèves, sont claires.

Ian Clayton
Adjoint au Chef d'établissement - Directeur de la filière internationale

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