Collaboration

Numéro 8: 11/11/2022

Dans mes articles précédents articles, j’ai évoqué quelles étaient les compétences requises pour réussir au 21ème siècle et ce que les établissements scolaires et les parents peuvent mettre en place afin de les entretenir. Cette semaine, je vais m’intéresser à la place qu’occupe la collaboration.

À l’époque (du moins à mon époque !), les élèves étaient assis en rang, avec un pupitre chacun, et devaient fixer l’enseignant, l’écouter attentivement et régurgiter les informations qu’il leur transmettait. De nos jours, on met davantage l’accent sur le travail en collaboration. Pourquoi ce changement a-t-il eu lieu ? Comme souvent lors de ces changements, il n’existe pas de réponse unique. Tout d’abord, la recherche pédagogique menée à partir du 20ème siècle par des chercheurs comme Bruner, Vygotsky et Piaget a montré qu’un apprentissage optimal relève d’un engagement social. Nous apprenons non seulement les uns des autres, mais aussi les uns avec les autres. L’apprentissage ne se fait pas de manière isolée, contrairement à ce que prétendent certaines écoles et certains systèmes. Avec l’avènement des scanners IRM, il nous est désormais possible de visionner réellement le cerveau, et notamment la façon dont il s’illumine lorsqu’il se trouve dans un cadre social avec d’autres personnes ainsi que la façon dont il se comporte lorsque nous apprenons.

Ensuite, il est évident que dans le monde du travail, on ne demande à personne de s’asseoir dans une pièce pendant 3 heures en silence, sous la supervision de quelqu’un d’autre, dans le but de résoudre un problème sans aucune possibilité de demander de l’aide à quelqu’un ou d’utiliser internet. Ce n’est tout simplement pas ainsi que le monde fonctionne. Comme l’a dit avec humour Sir Ken Robinson, « dans le monde du travail, la collaboration et le travail d’équipe sont essentiels à la réussite ; à l’école, on appelle cela tricher ».

Enfin, la quasi-totalité des grandes réalisations et découvertes ont été le fruit d’un travail d’équipe, et non d’individus seuls. Il suffit de regarder la découverte et le développement de la pénicilline, la première transplantation cardiaque réussie ou encore Internet. Tous ont été rendus possibles  grâce à des équipes. Les grands exploits sportifs, comme le triplé de Manchester United en 1999, sont eux le fruit de la collaboration. Même dans un sport individuel comme le tennis, Roger Federer par exemple peut compter sur une équipe dévouée pour le soutenir.

Les dernières tendances en anthropologie sociale s’éloignent de l’ancien paradigme selon lequel l’homme s’est développé grâce à la compétition et à la « loi du plus fort ». On affirme aujourd’hui que l’homme est devenu l’espèce dominante grâce à son étonnante propension à travailler en équipe, à collaborer.

Que pouvons-nous donc faire à partir de ce constat ? Il ne suffit pas de réunir les élèves autour d’une table et de leur demander de travailler ensemble pour leur apprendre à collaborer. Il est important que les tâches soient bien structurées. Par exemple, les élèves doivent apprendre à écouter les autres, définir des objectifs, répartir les rôles et faire des compromis. Cela ne fonctionne pas toujours, ce qui s’avère aussi être une très bonne chose. Les élèves peuvent rencontrer des problèmes tels que des conflits de personnalité, des difficultés à trouver des moments et des lieux de rencontre communs et à s’assurer que tous les membres du groupe font leur part. Cependant, l’inégalité, les conflits et les obstacles bureaucratiques font partie de la vie. Sans ces expériences, les élèves seront mal armés pour relever les défis auxquels ils seront confrontés à l’université et sur le lieu de travail.

Ian Clayton
Adjoint au Chef d'établissement - Directeur de la filière internationale

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