L’esprit critique

Numéro 6 : 21/10/2022

La semaine dernière, mon article portait sur les changements fondamentaux que connaît l’éducation dans le monde et sur les raisons de ces changements. J’y ai présenté les compétences clés que les élèves devaient acquérir lors de leur formation selon le Forum Économique Mondial. Dans le même esprit, l’OCDE a publié un document décrivant un cadre d’apprentissage conceptuel, intitulé « Le futur de l’éducation et des compétences – Projet Éducation 2030 », dans lequel sont définis 3 types de connaissances différents. On distingue :

Si l’on se concentre sur la pensée critique dans la sphère scolaire et familiale, on s’aperçoit qu’il est possible d’y développer régulièrement cette compétence essentielle. La pensée critique et analytique peut être enseignée dans toutes les matières. Elle n’est pas l’apanage des mathématiques, des sciences ou de la philosophie. Il s’agit en réalité de questionnement et de capacité à rassembler des preuves pour établir une position ou une argumentation claire. Faire preuve de pensée critique implique de faire des déductions et des inférences. Cette compétence se retrouve dans toute une série de matières, tant à l’école primaire que secondaire, comme par exemple dans celles citées précédemment, ainsi que dans les sciences sociales, la littérature, et les langues. Tous les enseignants devraient promouvoir la pensée critique. Mais qu’en est-il de la sphère familiale ? Heureusement, ici aussi, les possibilités sont nombreuses !

Tout d’abord, il est possible d’encourager les enfants à réfléchir dès leur plus jeune âge. En effet, les enfants sont en mesure de poser des questions et de faire preuve de réflexion sur de nombreux sujets, à conditions qu’ils soient adaptés à leur âge. Si votre enfant vous demande sans cesse « pourquoi », ne lui demandez pas d’arrêter. Bien que cela puisse parfois être épuisant, il s’agit surtout d’une preuve de curiosité naturelle qui peut parfois vous amenez, ou non, à vous demander vous-même pourquoi. Posez-leur également des questions ouvertes. Où aimerais-tu manger dimanche ? Pourquoi ?  Montrez l’exemple en répondant vous-même à des questions ouvertes, en donnant des raisons, en faisant preuve de réflexion. Vous pouvez aussi, et surtout pour les jeunes enfants, lire avec et pour eux. Lorsque vous leur parlez d’un livre, interrogez-les sur l’intrigue et demandez-leur d’analyser les motivations et les attitudes des personnages. Par exemple, comment et pourquoi la petite souris du livre Gruffalo est-elle si intelligente ? Lorsque vous commencez un nouveau livre, demandez-leur d’essayer de deviner ce qu’il pourrait se passer à la page suivante, ou demandez-leur de proposer une fin alternative. La clé, c’est qu’ils puissent argumenter. Vous pouvez aussi convaincre les enfants d’essayer de nouvelles choses, et particulièrement ici à Hong Kong dans cet environnement si peu enclin à la prise de risques. Apprenez-leur à accepter l’échec. L’échec n’est pas une fatalité. Enfin, nous devons leur apprendre à identifier les sources d’informations fiables, comme en leur montrant les sites de vérification (fact-checking sites) à consulter. Nous devons également leur rappeler que la rédaction de commentaires haineux sur les réseaux sociaux ne constitue en rien une forme de débat.

Nous vivons dans une époque où la pensée critique et analytique semble être en déclin partout dans le monde. Il paraît donc évident qu’il n’a jamais été aussi important de développer cette compétence à l’école et à la maison.

Ian Clayton
Adjoint au Chef d'établissement - Directeur de la filière internationale

Partager
[cvw_social_links]