Le Festival du Film du Développement Durable: Interview avec son fondateur Iv Charbonneau

Numéro 62: 3/5/2024 Objectif stratégique : ,

1. Parlez-nous un peu de vous et de ce qui vous a motivé à lancer le festival du film sur le développement durable ?

Je suis enseignant dans le domaine des sciences sociales ainsi que le cinéma (nous ouvrons une option cinéma l’ an prochain au LFI avec mon collègue Jason Chan). Je suis également auteur réalisateur, j’ai notamment réalisé deux longs métrages pour le cinéma et la télévision, même si depuis que je suis à Hong Kong je n’ ai pas eu beaucoup de temps pour me consacrer à ce travail. Il n’est pas toujours facile de tout mener de front, et c’ est pourquoi je cherche à articuler mes deux activités, qui dans le fond se complètent bien ; le travail de professeur est un poste d’ observation privilégié de la société, de ses évolutions, qui nourrit mes réflexions cinématographiques. Le cinéma peut également être un domaine que j’inclus dans mes enseignements, avec comme ambition non pas simplement de faire voir, mais de faire pratiquer les élèves. Faire un film, c’ est réfléchir à l’image, au son, au temps, c’ est structurer un message, c’ est aussi participer à une aventure collective qui marque ceux qui le font et qui impacte ceux qui regardent. Il y a au centre de ces deux activités l’envie de transmettre. Enfin, je suis particulièrement sensible aux questions de société, les enjeux environnementaux, sociaux, économiques, politiques, la manière dont ils s’entrecroisent dans une époque en pleine recomposition. Je souhaite participer à sensibiliser les jeunes en les rendant acteurs du changement, en leur donnant la parole, en leur permettant de s’ouvrir au monde et de rencontrer, de manière moins scolaire, des personnalités engagées. Le Festival du Film du Développement Durable est conçu dans cette perspective.

2. Que peut-on attendre de l’édition 2024 ?

Il s’ agit de la troisième édition, et nous sommes encore dans une phase d’expansion. Sur la base de l’expérience de l’an passé, nous cherchons à ouvrir le Festival au niveau international. En tant que formateur enseignant pour l’ AEFE, j’ai pris mon bâton de pèlerin pour former des professeurs des lycées partenaires de la Zone AEFE Asie, et la dynamique dépasse mes espérances puisque nous aurons cette année des films provenant de près de 20 établissements, jusqu’à Saint-Domingue ! Au total ce sont plus de 60 films qui sont autant de regards différents sur des sujets variés, couvrant tous les Objectifs de Développement Durable, classés en 5 catégories (Planète, Paix, Personnes, Prospérité ; et une cinquième catégorie nommée Impact pour des films de moins de 3 minutes). Ils offrent un panorama de situations qui valorisent notre réseau, et qui nous aident à comprendre les préoccupations de nos jeunes. D’ autres écoles internationales de Hong Kong nous ont également rejoints, et le Festival a été honoré du « Best Green Education Initiative Award / Outstanding Award” décerné par le gouvernement hongkongais (Hong Kong Awards for Environmental Excellence).

Iv et Melati

3. Cette année, vous avez fait équipe avec Melati Wijsen, qu’est-ce qui vous a motivé à la solliciter ? Quelle a été son implication auprès des étudiants ?

Melati Wijsen est une figure mondiale, un modèle de jeune femme dynamique qui agit avec détermination et entraine dans son sillage toute une génération de jeunes acteurs du changement. Elle a été notamment propulsée sur le devant de la scène par le cinéma, à travers le film Bigger Than Us de la réalisatrice française Flore Vasseur. Elle est désormais à la tête d’ un vaste réseau international, Youthtopia, qui donne à voir quantité d’ actions à travers le monde et entend former la jeunesse pour leur donner la même capacité d’ action. C’est un projet fantastique. On voit bien combien nos objectifs se rejoignent, et le partenariat s’ est donc fait tout naturellement. Avec le soutien du Consulat de France, Melati est venue quelques jours à Hong Kong pour rencontrer nos élèves, notamment lors d’ une journée d’ induction destinée aux participants au Festival, en octobre dernier, en partenariat également avec l’ organisation Crossroads. Cela a permis de lancer les projets de films et la nouvelle édition du Festival sous le signe de l’ ouverture. Elle a ensuite animé des ateliers en ligne avec tous les participants du Festival, y compris ceux d’ autres pays, avec un enthousiasme très précieux. Un projet de film est un travail de longue haleine, et une marraine de ce calibre est une source d’ inspiration et de motivation non négligeable. Je tiens aussi à remercier d’autres figures remarquables qui sont venues à la rencontre de nos élèves dans le cadre du festival, comme David Begbie, créateur du Global Village Life X-perience, ou encore le chef papou Mundiya Kepanga. Et bien sûr toutes les personnes qui se sont livrées avec sincérité à nos jeunes réalisateurs dans le cadre de leurs films.

4. Comment accompagnez-vous les étudiants dans cette aventure? Ceux qui souhaitent en faire partie ont-ils besoin de compétences particulières ?

Je me focalise maintenant surtout sur la formation de professeurs dans le réseau, pour démultiplier l’expérience. Bien entendu, j’ ai moi-même encore mené cette année quelques projets de films dans le cadre de mes enseignements, avec de nombreux autres professeurs de l’école qui ne ménagent pas leurs efforts. Je donne aux élèves quelques conseils techniques simples, quelques outils, et quelques clés pour organiser leur travail. Quelques contraintes également, mais j’essaie de ne pas être trop intrusif dans leurs projets. Il faut bien avoir en tête que ce sont des films amateurs ; dans ce cadre, chaque élève a des qualités et des compétences différentes à apporter, c’ est toute la richesse du cinéma de pouvoir impliquer tous les talents. Certains font valoir leurs qualités d’écriture, d’ autres leur capacité à organiser et à fédérer une équipe, certains ont révélé de vrais talents pour produire des images, de la musique, pour faire du montage créatif… Les résultats sont très intéressants et touchants.

5. Parlez-nous de ce qui nous attend dans les semaines à venir et de la cérémonie de clôture qui aura lieu le 17 mai.

Le festival commence officiellement le 6 mai. D’ ores et déjà, nos jurys (une soixantaine de personnes de tous horizons) travaillent d’ arrache-pied pour arbitrer la compétition, et ce n’ est pas une mince affaire car il y a de la qualité ! Les films sélectionnés seront tous visibles sur une plateforme hébergée sur le site de l’école. Outre la version en ligne, le festival est ponctué par des événements consacrés à chaque catégorie, qui se déroulent le plus souvent dans notre auditorium de TKO. En réalité, un premier événement a déjà eu lieu, de manière anticipée, consacré à la catégorie Peace, le 17 avril dernier. Nous avons profité de la présence à Hong Kong du géopolitologue Frank Tétart qui a assuré avec Philippe Schwab, membre de la rédaction en chef de l’ AFP, une Q&A axée sur les relations internationales qui préoccupent particulièrement notre communauté. Les films présentés étaient tous très émouvants, nous en avons projeté 4 mais de nombreux autres sont vraiment passionnants, je vous invite à les regarder tous dès que la plateforme sera ouverte ; le 6 mai donc ! Le 17 mai aura lieu la clôture du Festival, a partir de 16:00, sur le campus de TKO ; là encore c’ est un énorme travail collectif, avec les élèves du comité d’ organisation Filmfest, la mobilisation de tous les services de l’ecole, le responsable Développement Durable Martial Jaume, notre directeur de l’innovation pédagogique Yann Houry, le service Events, Marcom, Finance, et bien sûr FISCA. L’ idée est d’ en faire une grande fête pour toute notre communauté. Autour de la projection des meilleurs films et de la remise de prix, tous les arts seront convoqués, car le cinéma est aussi un formidable point de rencontre ; le public pourra profiter de nombreuses activités pour tous les âges, des expositions d’ art organisées par notre professeur Julien Jouaud et en présence exceptionnelle de l’artiste française Caroline Tronel (aka The French Girl) et de la photographe Tantri F Hidayanti, de la musique live pilotée par Xavier Costantini, les livres vivants de Alice Rensy, les fresques du Climat de Martial Jaume, les ateliers scientifiques de Julien Senant, quantité d’ autres choses, je ne vais pas tout dévoiler, il faut venir !!!  Les tickets pourront être réservés très bientôt ; un prix de 50 HK$ est fixé, qui permettra de compenser les émissions carbone de l’événement par la plantation d’ arbres avec notre partenaire Ecomatcher.

6. Pensez-vous déjà à l’année prochaine ? Comment envisagez-vous les prochaines éditions du festival?

J’ espère que la phase d’ expansion va se consolider et se poursuivre, grâce notamment au soutien de l’AEFE. J’aimerais élargir la participation à d’ autres zones, ce que nous avons déjà avec Saint-Domingue, tant il est émouvant de recevoir des images d’ autres continents ; l’ Afrique, ce serait super ! A moyen terme, j’ aimerais inclure une compétition de films professionnels, pour faire du Festival un espace de rencontre entre amateurs et pros ; l’expérience des rencontres avec les projections de films tels que Bigger Than Us, Frère des Arbres, et d’autres les années passées, en partenariat avec d’ autres festivals comme le Hong Kong Jewish Film Festival, ou avec l’ Alliance Française, a été concluante et servira de base pour la suite. En tout cas, l’aventure continue et s’avère passionnante ! Un petit lien : https://vimeo.com/931880742?share=copy

The Sustainable Development Film Festival Committee

Sustainability Committee

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