Roméo et Juliette : une sortie au théâtre
Le public peut être difficile, surtout s’il est composé d’adolescents. Cependant, l’adaptation de “Roméo et Juliette” à laquelle nous avons assistée le dimanche 19 a apporté une version rafraîchissante, moderne et innovante de l’histoire des amants croisés sur scène.
Tout d’abord, l’ensemble du spectacle reposais sur l’ensemble. Les interprètes ont fait preuve de fluidité et de coopération, comme lors de la fête chez les Capulet, ou remarquablement, lorsqu’ils ont marché vers le public au tout début de la pièce. Le costume blanc que les acteurs portaient lorsqu’ils faisaient partie de l’ensemble permettait au public de les dissocier de leurs personnages tout en ne brisant pas le rythme de l’histoire. L’aspect musical de la représentation était intéressant : chaque acteur était associé à un instrument, comme Juliette et son violoncelle, ou Lord Capulet et son saxophone. Les scènes ont été entrecoupées à plusieurs reprises par quelques lignes de chansons modernes interprétées par des membres de l’ensemble. Ce fût une manière créative de mettre en valeur les tournants clés des scènes et de donner le ton au dialogue qui s’ensuivait, même si cela à parfois mené plus à une forme de distraction. Cependant, le soutien que l’ensemble a apporté à la structure de la pièce était pour le moins admirable.
Ensuite, la troupe a fait un bon usage de la scénographie rendant le spectacle encore plus intéressant pour le public, surtout compte tenu de la tranche d’âge plutôt basse. Si les dialogues sont ceux de Shakespeare, la scène, les costumes et les accessoires ont été modernisés. Juliette est devenue une adolescente agacée avec des écouteurs, sa chambre arborant un poster de Billie Eilish. Les accessoires ont été utilisés intelligemment, deux boîtes mobiles devenant tour à tour un lit, un autel, une marche ou une table. L’éclairage était également efficace, changeant de couleur en fonction de l’ambiance de la scène. Les projecteurs ont aidé à cloisonner les personnages et ont créé des moments forts, comme lorsqu’un Roméo rêveur embrasse une Juliette au visage vide, vêtue de noir. Néanmoins, la scénographie a également été le point négatif de la représentation. Compte tenu des ressources limitées, les niveaux n’ont été que trop peu utilisés, ce qui a été particulièrement décevant lors de la légendaire scène du balcon. Une échelle grinçante a été utilisée à la place d’une terrasse, mais l’effet n’était pas au rendez-vous, affectant le romantisme attendu entre les deux rôles principaux à ce moment essentiel de leur relation.
Enfin, les différents acteurs sont parvenus à donner vie à des personnages complexes et significatifs sur scène. Le choix d’une femme pour incarner Mercutio était intelligent, jetant ainsi un nouvel éclairage sur son personnage original. Elle est une femme instable et fière, qui entretient une relation compliquée avec Roméo. Elle est franche, forte et brutale, soit le contraire Juliette. Alors qu’elle perd la raison, elle meurt d’un amour non partagé, dans le point culminant de son voyage, particulièrement déchirant à regarder.
En conclusion, la représentation de “Roméo et Juliette” à laquelle nous avons assistée le week-end dernier à la Hong Kong Academy for Performing Arts était brillante du point de vue des idées proposées et des personnages spécifiques, mais peut-être trop originale pour me rappeler l’histoire de Roméo et Juliette.
