Club de lecture, 4ème séance
Quatrième séance du Club de lecture
Mercredi 23 novembre 2022 – BPR
Mme Guidevay présente le roman Pas pleurer de Lydie Salvayre. Il met en scène les voix d’une mère, de sa fille et de Georges Bernanos, dans le contexte de la Guerre civile espagnole. La « petite histoire » de la mère et de la fille, devient notamment le fil conducteur pour mieux comprendre la « grande histoire ». L’exil de la famille en France permet également à l’auteur de mettre en scène les interférences linguistiques entre le français et l’espagnol, le roman se trouvant ainsi truffé d’hispanismes et de phrases en espagnol non traduites. Enfin, le regard encore un peu naïf de la petite fille permet d’envisager avec une certaine distance les débats entre différentes formes d’engagement politique caractéristiques de cette période historique, entre le socialisme et l’anarchisme, en particulier.
Elise a choisi cette fois-ci de présenter un ouvrage du Prix SES des lycéens, Gilets jaunes, la révolte des budgets contraints, de Pierre Blavier. L’ouvrage informe le lecteur sur l’organisation du mouvement, en prenant l’exemple de quelques profils de familles représentatifs. Le texte fait partie d’une sélection comprenant également Ecrire au Président. Enquête sur le guichet de l’Elysée de Julien Fretel et Michel Offerté ; La Banque providence d’Eric Monnet ; Un pognon de dingue mais pour qui ? L’argent de la pandémie, de Maxime Combes et Olivier Petitjean ; Comprendre la bourse avec Captain Economics, de Thomas Renault ; L’Atlas Molière de Clara Dealberto, Jules Grandin et Christophe Schuwey ; L’Autre à distance. Quand une pandémie touche à l’intime, d’Anne Muxel ; L’animal et la mort – Chasses, modernité et crise du sauvage de Charles Stépanoff.
M. Loggia propose enfin le compte rendu de La Statue de Sel, d’Albert Memmi. L’auteur y raconte les années d’enfance et de formation d’Alexandre Mordekhai Benillouche, dans un roman autobiographique qui nous rappelle sa naissance à Tunis, à une époque où la France impose encore un Protectorat. Le jeune Alexandre vit dans une famille juive pauvre aux abords du ghetto. Très à l’aise dans ses études, il recevra diverses aides qui lui permettront, de succès en succès, d’envisager une carrière de professeur de philosophie, aux antipodes du métier de cordonnier auquel son père le destinait. Jamais complètement accepté par ses camarades français, par ses compatriotes musulmans, ou même par son milieu d’origine avec lequel la rupture paraît de plus en plus inévitable, il décrit les effets destructeurs de la situation coloniale, mais nous interroge aussi, plus généralement, sur la relation dynamique qu’un individu entretient avec sa famille. Un texte d’une grande profondeur, qui trouvera un prolongement dans le double essai publié par Memmi quelques années plus tard, Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur.