Rencontre avec la première alpiniste Sri Lankaise à gravir l’Everest !

Le 13 février 2017 la section internationale s’est réunie pour une assemblée hors du commun avec une invitée de marque : Jay Kuru-Utumpala. Elle est la première et unique alpiniste de son pays à avoir gravi l’Everest. Mesurant 1.56m et pesant 45kg elle est également plus petite que la plupart d’entre nous ! Pendant une heure entière elle nous a raconté son aventure et expliqué à quel point la ténacité et la persévérance ont compté pour elle dans cette expédition difficile.

Jay rencontra Johann Peries, son partenaire d’alpinisme, en 2012lors de sa préparation pour l’expédition à Island Peak (6189m). Après 3 semaines d’une expédition réussie elle l’invita à faire l’ascension de l’Everest (8848m) ensemble. Il accepta après un moment de réflexion et ils commencèrent l’entrainement. Il leur fallu beaucoup de détermination car tous deux travaillaient à plein temps et qu’il n’y a pas de montagnes particulièrement hautes au Sri Lanka ! Ils firent l’ascension du Kilimanjaro en 2014, la montagne la plus haute d’Afrique à 5895m.

Financer l’expédition pour l’Everest fut difficile ; le duo dû faire face à de nombreux rejets dont celui du gouvernement Sri-Lankais car pour certains, une femme ne devrait pas se lancer dans une expédition. Heureusement ils réussirent à trouver suffisamment de sponsors. Ils choisirent IMG (International Mountain Guides) pour leur expérience et leurs précédents succès. Michael Hamill, le chef d’équipe et guide de Jay, est l’une des rares personnes à avoir gravi les 7 plus hauts sommets du monde cinq fois. Ang Karma, le sherpa de Jay, avait lui-même déjà gravi l’Everest plusieurs fois.

L’équipe partit de Katmandu le 28 mars et ils atteignirent le camp de base de L’Everest (5400m) après deux semaines de marche, l’étape la plus facile de toute l’expédition. Ils étaient décidé à gravir l’Everest par le côté sud (Népal) plutôt que du côté nord (Tibet). Cela impliquait de traverser le glacier du Khumbu plusieurs fois, un défi illustré à merveille dans le film Everest.

C’est là que les difficultés commencèrent réellement. A une telle altitude Jay, Johann et le reste de l’équipe, y compris guides et sherpas, devaient gravir la montagne en rotation : ils devaient aller jusqu’au camp 1 (à 6000m) puis redescendre au camp de base, se reposer, puis aller au camp 2 (à 6400m) et de nouveau redescendre au camp de base, se reposer, etc… A chaque fois il leur fallait atteindre le camp suivant en un temps donné sous peine de devoir abandonner l’expédition, car ils dépendraient de leurs bouteilles d’oxygène et du temps qu’elles dureraient pour l’ascension finale jusqu’au sommet. Cela rajouta beaucoup de pression mentale à leur fatigue physique, Jay et Johann trouvèrent cette contrainte très éprouvante.

Jay nous raconta les conditions de vie et la nourriture au camp de base, qui malheureusement se détériorèrent avec l’altitude. Elle fut tellement dégoutée par les rations militaires du camp 2 qu’elle perdu tout appétit mais fut forcée à manger par son sherpa pour conserver suffisamment d’énergie pour le jour suivant. Les toilettes étaient similaires à la nourriture : le préfabriqué du camp de base devint un large seau derrière un mur de glace au camp 1… et juste un seau aux camps suivants…

Jay ne réussit pas à atteindre le camp 3 dans les 9 heures qui leur avait été données et fut obligée de redescendre au camp 2. Elle supplia son sherpa de la laisser continuer mais il refusa car cela aurait mis leurs deux vies en danger. Elle eut une seconde chance le lendemain et si celle-ci s’était à nouveau soldée par un échec elle aurait dû abandonner l’expédition. C’est à ce moment-là que sa ténacité pris le dessus et elle continua à marcher le plus vite possible, déterminée à arriver au camp 3 dans les temps.

Si vous croyez en vos capacités votre esprit peut se révéler plus fort que votre corps, nous dit-elle.

Au camp 4, à 8000m, aussi connu comme « la zone de la mort », les alpinistes ne peuvent pas passer une nuit de repos car le corps se détériore rapidement entre le manque d’oxygène et les températures extrêmes. Plus de 200 corps gisent entre le camp 4 et le sommet, un rappel éternel de la difficulté pour les alpinistes d’atteindre le sommet et de revenir en vie, un problème illustré par le film Everest, qui se penche sur les expéditions dévastées par le blizzard en 1996.

L’équipe se reposa quelques heures, à trois dans chaque tente pour combattre le froid. Jay eut le droit de quitter le camp à 20h pour le sommet car elle avait été plus lente que le reste de l’équipe jusque-là.  Johann et le reste de l’équipe partirent à 21h, en même temps que la grande majorité des autres alpinistes du camp 4, et se retrouvèrent coincés dans un embouteillage.

A cause de cet « embouteillage de montagne » qui ralentit son ascension Johann manqua d’oxygène à seulement 450 mètres du but. Son sherpa lui intima la nécessité de rebrousser chemin car il n’aurait pas eu assez d’oxygène pour aller jusqu’au sommet et redescendre. Johann raconta plus tard à Jay qu’il était partagé entre l’idée de redescendre et celle de continuer mais que son sherpa lui avait dit « oui si tu continues tu seras un héros… mais tu seras un héros mort ».

Jay insista, néanmoins, que son succès résulte du travail d’équipe même si elle a atteint le sommet seule. Sans le support moral de Johann elle n’aurait pas réalisé son rêve d’amener le drapeau du Sri Lanka au sommet du monde et d’entrer dans les livres d’histoire. Elle insista également qu’elle n’avait pas « conquis » l’Everest mais que la montagne l’avait autorisé à la gravir. Elle conclut sa visite avec les mots de Sir Edmund Hillary, premier alpiniste à gravir la montagne : «  ce n’est pas la montagne que nous conquérons mais nous-mêmes ». 

Sa visite nous a incités à travailler dur pour réaliser nos propres objectifs.

Jay Kuru-Utumpala est un défenseur des droits de la femme aux Nations Unies et a publié un livre relatant son expérience sur l’Everest disponible au CDI du LFI. A la suite du succès de son expédition elle a été nommée ambassadrice des droits de la femme et du combat de la violence domestique par Chandrani Bandara, la ministre des droits des femmes et des enfants. 

« Ce que Jayanthi a accompli pour notre pays et pour les femmes ne peut être décrit en simples mots » a exprimé Chandrani Bandara en la nommant.

J’espère que mon parcours a prouvé que les femmes peuvent tout faire si on leur en donne l’opportunité  a conclu Jayanthi Kuru-Utumpala.

Retour vers les actualités