Rencontre avec l’écrivain Eric-Emmanuel Schmitt

Perception et réflexion d’un élève inspiré du LFI

Ce lundi 6 novembre, nous avons eu le privilège de rencontrer le dramaturge, romancier et réalisateur de renommée internationale Éric-Emmanuel Schmitt. Cette rencontre, organisée par le consulat de France à Hong Kong fut extrêmement riche et également rafraîchissante, nous faisant voir la littérature sous un autre jour.

Je dois avouer que voir un écrivain contemporain (et étudier son œuvre) est assez inhabituel pour moi. Dans le système éducatif français, l’étude des auteurs contemporains s’efface devant celle des grands “Classiques”.  Molière, Racine, Victor Hugo, Emile Zola et tant d’autres sont ainsi le socle sur lequel se construit notre culture.

S’intéresser à la littérature semble donc aussi évident qu’essentiel et son apparent recul dans notre société n’en est que plus inquiétant. Entre Thérèse Raquin et “Breaking Bad” Saison 5 sur Netflix, pour beaucoup le choix est vite fait. Il n’y a pourtant aucune barrière linguistique entre les jeunes et la lecture, alors pourquoi ce désintérêt, que certains philosophes qualifient de “crise de la lecture”?

Ce n’est pas un cliché de dire que ma génération s’attache plus aux apparences que renvoient certaines activités qu’à leur propre contenu. Ce que je sous-entends est que malgré sa richesse, la littérature n’est de toute évidence pas considérée comme “cool” ou “trendy” par une grande partie d’entre-nous.

Nous avons tous entendu nos parents dire de la lecture que c’est “le seul moyen de progresser en orthographe ; que  lire, en plus, c’est bon pour la culture et pour enrichir son vocabulaire!”.

Malheureusement, à force de glorifier la lecture, les jeunes ont été repoussés. Certaines personnes ont finalement honte de lire, et se cachent. S’intéresser à la littérature est – au mieux – ringard.

Il est donc temps de remettre la lecture au goût du jour, de la rendre attrayante pour une génération qui l’a trop délaissée !

Voilà donc pourquoi selon moi, l’intervention d’Éric-Emmanuel Schmitt était particulièrement pertinente et inspirante. C’est d’abord une chance incroyable d’avoir pu rencontrer l’un des auteurs francophones contemporains les plus lus et les plus joués au monde. Ses œuvres sont traduites en 43 langues dans plus de 50 pays, et sont récompensées par les plus prestigieuses distinctions du monde littéraire.

Nous avons tendance à mystifier les auteurs, et à oublier que derrière chaque livre, il y a un auteur. Voir M. Schmitt, qui nous parle de sa vie et de sa conception du monde et de la langue française nous aide à avoir un tout nouveau rapport à la littérature. Ce ne sont pas des pavés interminables écrits par des hommes d’un autre temps car comme le disait M. Schmitt, “Aujourd’hui, nous abordons la littérature comme lire des auteurs morts, mais nous lisons des auteurs vivants qui l’étaient en écrivant leurs œuvres”.

Alors à travers cette conférence, nous devons nous rappeler que la littérature, ce n’est pas seulement le sonnet de Ronsard, et les longues et complexes phrases de Maupassant. Ce sont  également les romans d’Éric-Emmanuel Schmitt, qui sont à chaque fois une leçon de sagesse et de tolérance.

La littérature est vivante ! Comme le sont les paysages provençaux incroyables de Marcel Pagnol, et ses personnages hauts en couleurs. La littérature est à la pointe de l’actualité ! Comme le prouvent les Racines du ciel de Romain Gary, grand roman écologiste, et Momo dans La vie devant soi qui nous disait en 1977 “pendant longtemps, je n’ai pas su que j’étais arabe parce que personne ne m’insultait”.

Ce sont ces auteurs qui m’ont fait aimer la littérature, la beauté du verbe, le mot juste. Eric-Emmanuel Schmitt a enlevé mes derniers doutes. La littérature est belle et bien vivante et elle est intelligente et pleine d’inspiration !

Edouard CHARDOT. élève de Seconde

 

« L’homme qui captait son auditoire »: entretien par les élèves de 5è

C’est dans un état fébrile que, lundi 7 novembre à 14h30 à l’auditorium de Jardine’s, nous, les journalistes de « Lookout », avons attendu l’arrivée de l’écrivain le plus lu au collège, Eric-Emmanuel Schmitt pour lui poser quelques questions en primeur. Nous remercions, d’ailleurs, très chaleureusement le consulat de France à Hong Kong pour avoir rendu possible la venue de l’auteur à Hong Kong et, plus particulièrement, au sein du LFI et l’homme de lettres lui-même pour nous avoir accordé cette interview. Lisez et découvrez l’homme derrière l’écrivain.

Pourquoi vous êtes-vous consacré à l’écriture après votre voyage dans le désert du Sahara ?

Ce n’est pas mon retour après mon voyage dans le désert qui m’a fait écrire car j’ai toujours écrit. Cette aventure vécue dans le désert qui a été très marquante – je suis resté seul, perdu au milieu de nulle part- m’a permis d’être enfin satisfait de ce que j’écrivais. J’ai compris alors que je pouvais faire lire mes textes aux autres, que je pouvais partager ce que j’écrivais avec un public.

Quel est l’un de vos meilleurs souvenirs en tant qu’écrivain ?

Je n’ai pas de souvenir particulier concernant mes meilleurs moments de mon métier d’écrivain. Je suis très heureux quand un lecteur vient à ma rencontre et me dit « merci ».

Est-ce que la philosophie vous aide pour écrire vos romans ?

Mes études et ma formation de philosophe sont au centre de ma création car, quand vous lisez une de mes œuvres (romans, pièces de théâtre, BD), je ne vous donne pas de réponse toute faite. Au contraire, je cherche à susciter chez chacun de vous la réflexion. Vous amener à vous poser des questions est bien l’attitude d’un philosophe.

Pourquoi avez-vous écrit « le Cycle de l’invisible » ?

J’ai d’abord écrit un livre sur le bouddhisme intitulé Milarepa qui retrace le parcours ô combien étonnant d’un homme. Ce dernier passe du mal au bien de manière radicale. Lors d’une interview avec un journaliste au sujet de ce roman, le journaliste m’a « collé l’étiquette » « bouddhiste ». Quand je lui ai répondu que je n’appartenais pas à cette religion, il a paru étonné de ma démarche. « Pourquoi dans ce cas écrire un livre sur le bouddhisme ? » J’ai alors réalisé que les livres sur les différentes religions essaient soit de convertir le lecteur, soit de condamner la religion en question. Ce constat m’a poussé à commencer le Cycle de l’invisible pour aborder toutes les religions avec une approche de tolérance.

De quel prix êtes-vous le plus fier ?

J’ai la chance d’avoir reçu beaucoup de prix pour mes livres. Je suis fier d’avoir reçu le « Bucherpreis » qui est le prix du livre en Allemagne. A ce jour, je suis le seul français à l’avoir eu. Je garde aussi un souvenir ému du prix de l’Académie française qui a touché mon père. Pour lui, son fils était enfin reconnu. Enfin, je ne peux pas ne pas évoquer mes Molière car j’en ai reçu beaucoup : trois lors de la même cérémonie pour une pièce.

Préférez-vous écrire des romans ou des pièces de théâtre ?

Je n’ai pas de préférence entre écrire un roman ou une pièce de théâtre car ce n’est pas moi qui choisis. Je m’explique : lorsque j’écris une histoire, des personnages s’imposent à moi et je les vois évoluer dans un roman ou dans une pièce. C’est donc le personnage qui impose un genre plutôt qu’un autre.

Avez-vous déjà visité des écoles au cours de votre carrière ?

J’ai déjà visité beaucoup d’écoles en France et à l’étranger, notamment des Lycées français (New York, Bruxelles, Istanbul…)

Quels conseils donneriez-vous à un jeune écrivain ?

A un jeune écrivain, je conseille la persévérance : il ne faut pas se décourager. Attention à ne pas se surestimer non plus.

Nous avons lu dans votre biographie que vous aviez fait votre service militaire. Quel souvenir en gardez-vous ?

Quel sens de l’observation ! Je suis en effet un des rares hommes de lettres à avoir fait son service militaire. J’ai grandi à Lyon, ville qui a été un bastion de la Résistance. Dans ma jeunesse, j’ai d’ailleurs côtoyé d’anciens résistants et j’ai pris conscience qu’en cas de guerre, il fallait savoir se défendre. Voilà pourquoi je tenais à faire mon service militaire.

L’équipe du journal « Lookout » : Maelys, Lana, Abigaïl, Mia, Helena, Amélie, Inès, Gloria, encadrée par Madame HARRE

 

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